Invitation à lutter de LUCSE

Schéma publié dans la brochure Habiter la Ville 2 – Défier la Métro, éditée par le collectif LUCSE – Lutte pour un Usage Collectif et Solidaire des Espaces.

Les élu·e·s de la métro nous l’assurent : les travaux du futur « Métrocâble » commenceront à l’automne prochain. Mais ce projet de téléphérique sur du plat, qui prévoit de relier Fontaine et Sassenage à la Presqu’île scientifique, puis jusqu’à Saint-Martin-le-Vinoux, nous pose de nombreux problèmes : 

D’abord, parce qu’il est au service d’une vision de la ville qui nous répugne : celle d’une métropole pour les riches, smart-city du capitalisme vert, misant sur les hautes technologies pour nous sortir de l’impasse climatique. Construit sur mesure pour les futurs ingénieur·e·s du CEA et de la Presqu’île Scientifique, qui pourront habiter entre privilégié·e·s aux « Portes du Vercors » et aller travailler en télécabine, ce projet servira avant tout de nouvelle façade publicitaire permettant de gagner des points face aux autres métropoles, dans la course effrénée à l’attractivité. 

Ensuite, parce que malgré un coût faramineux (80 millions d’euros, soit 10% du budget annuel de la Métro !), il ne répond à aucun besoin présent qui ne soit pas résoluble par une simple amélioration du service de bus et la construction d’une passerelle sur l’Isère, un projet déjà existant mais gelé faute de… financements. Cette absence de besoin explique d’ailleurs la manière dont ont été conduites les deux consultations publiques sur le sujet : la pertinence du Métrocâble en soi n’a jamais été questionnée (on s’est plutôt attardé sur le tracé et la couleur des cabines), et les nombreuses voix opposées au projet n’ont rencontré qu’un mélange de langue de bois et de mépris. 

Faute de besoin présent pour le justifier, le Métrocâble s’appuie sur des besoins futurs, en particulier ceux créés par le projet Portes du Vercors, qui prévoit de construire un ensemble de logements, commerces et bureaux entre Fontaine et Sassenage, en menaçant au passage des dizaines d’hectares de terres agricoles. A l’heure où les changements climatiques menacent la sécurité alimentaire de nos territoires, alors même que le monde paysan en France dépérit déjà faute de politiques soutenantes, artificialiser encore plus de terres agricoles nous semble être la pire chose à faire. Heureusement à Sassenage, une enquête publique peu concluante a fait repousser le projet à 2030… le temps de construire un Métrocâble qui pourrait à son tour le justifier ? 

Les travaux doivent commencer en automne… si tout se passe comme prévu ! Car tout n’est pas encore joué. En intervenant sur l’enquête publique, mais aussi par une mobilisation forte, construite avec les habitant·e·s et agriculteur·ices qui sont les premier·e·s impacté·e·s, nous pouvons encore mettre des bâtons dans les roues à cet énième projet inutile et mortifère.